nuago

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Le manque indicible

Ce texte a été publié une première fois chez @Venise3 motspourlecrire.canalblog.com Merci infiniment à elle pour cet hébergement et ses encouragements. 

Le sujet de la teamécriture était une lettre et sa réponse. Qui n'a jamais rêvé d'écrire un truc et lire la réponse qu'il attendait. Je n'ai pas écrit la réponse que j'attendais, j'ai essayé de me mettre dans la peau de mon correspondant, son ton bourru, sa jolie façon d'écrire et ses mots rares qui touchent, encore. 

 

"Si la base est réelle, toute ressemblance avec un twitto ne serait que fortuite". J'ai mis ça, mais j'espère qu'il a lu cette correspondance. Il n'en a jamais rien dit. Soupir.

 

 

X, cher X, 

 

Je t’ai quitté, voilà. Tu ne me parlais plus, je m’en étais aperçue quelques jours auparavant. Oh certes tu me répondais toujours, et de manière affable, mais si je ne te parlais pas, tu ne me parlais pas. Ce dimanche, je me suis lancée un défi, ne pas te parler, tweeter en même temps que toi, mais sans intervenir. Tu n’as pas non plus interagi, aucun fav, aucune réponse. Et puis est survenu cet échange de tweets avec ta copine, elle te disait avoir mal à la tête, tu disais « pourquoi, à cause du vin ? », elle disait « non des choses qui se disent ici », puis « dis à Barbara que l’égalité n’existe pas et puis non ne lui dis rien ». Réagis, dis quelque chose, ne reste pas comme ça comme si tu ne voyais pas. Dis, dis, vas-y dis. Rien. Le néant. Eh ! je suis là, eh ! je te vois. Tu ne me vois donc plus ?

Le lendemain, je te quittais, après une nuit à me demander. Unfollow on dit, unfollove je pense. Je te le dis, « voilà je te quitte, ce n’est pas toi, c’est moi », un truc du genre. Un tweet passe « au revoir Barbara ». Rien de plus, alors c’était ça nos relations, nos confidences, moi te racontant la mort de ma sœur, la folie de mon frère, toi que m’as-tu raconté, rien finalement, un peu de ton boulot, très peu de ta poison. Qu’ai-je été pour toi ? Qu’ai-je cru ?

Le mois passe, tu continues de me suivre, sans intervenir, je ne comprends pas. Le vendredi on se croise, bizarre, tu me dis bonjour. « Hep Barbara on est vendredi ». Je ne comprends pas. Est-ce que je te manque, je crois oui. Toi terriblement, affreusement. J’aurais dû intervenir ce dimanche-là, mais j’ai voulu respecter mon putain de défi et je n’aime pas m’immiscer, j’ai l’impression de gêner, les groupes ce n’est pas mon truc.

Et puis tu me souhaites bonne année, gentiment, si gentiment que je craque, je te suis, à nouveau, une journée, une nuit. Je m’attendais à un « youpi, tu es revenue, toi et moi on va parler, ne me fais plus ce coup-là, je me sens mal sans toi… ». Oui c’est beaucoup demandé, mais j’aurais aimé une réaction, un regard, quelque chose, pas ce rien. Néant. Toujours. Tu as faim, tu vine tes enfants, tu vis, tu ris. Je repars dans mon coin.

Quelques jours plus tard, tu m’unfolloveras sans le dire, j’irai te souhaiter bonne route, un RT humiliant tu feras, comme pour annoncer aux autres un ouf de soulagement. Comme je suis là et que tu parles de douche, je mettrai un truc parce que la douche c’était nos débuts de rigolade. Mais qu’ai-je donc à vouloir espérer que ce ne soit pas fini ? Et là… blocage. Je cligne des yeux devant mon écran. J’essaie à nouveau. Pas ça, non. C’est violent, c’est douloureux, c’est froid, tellement distant, tellement pas toi. Que sais-je finalement de toi ?

Tu me manques, c’est ainsi.

B.

 

 

Sa réponse, imaginée.

 

B.,

 

On m’a transmis ton mot. Je n’ai pas envie de te répondre, cela m’ennuie, tu m’ennuies. Toi tu es bizarre, comme ton frère non ? Tu accordes trop d’importance à ces petites choses sur Twitter. On ne se connaît pas, si ? Mais quelle prise de tête avec toi, pour rien. Je n’aime pas tout ça. Je me contente de vivre et de l’écrire par-ci, par-là. Tu prends, tu ne prends pas. Je ne fais que discuter, papoter, échanger, partager ma musique. Toi tu imagines des choses derrière qui n’ont pas lieu d’être. S’il faut faire un choix, je ne fais pas le choix de toi.

Tu veux plus de moi, tu crois que je ne l’ai pas compris ? J’aurais souhaité à un moment que tu sois là, ma voisine, ma copine, ma deuxième vie. Mais ce serait quoi notre vie ? Je sais tout de toi, où tu vis, avec qui tu dors ou pas, et tu sais tout de moi, ce que je t’en ai dit, ce que tu comprends sans te le dire. Mais en fait c’est superficiel tout cela, on ne se connaît pas.

Tu me suis, tu ne me suis plus, tu me suis. Ouh là, avec moi c’est une fois et si ça ne marche pas, tant pis. J’avais encore plein de choses à te raconter, je les raconte à d’autres, c’est ainsi. Ma vie continue et j’ai fort à faire même si je peux te sembler rigide dans mon comportement, bloqué dans mon propre mal-être dû à une rupture IRL.

Tu crois peut être que j’ai été mal conseillé ? L’ennui ne porte pas conseil. En définitive, le choix m’appartient. Je décide. « Ce dimanche-là », mais de quoi parles-tu ? Si je n’ai pas répondu, c’est que je n’ai pas vu, ou que je n’ai pas voulu continuer sur ce terrain-là. Je suis suivi par plus de 500 personnes qui me sollicitent et patiemment je leur explique, je raconte ma vie, répondant toujours aux mêmes questions (l’âge de mes enfants je l’ai bien tweeté une centaine de fois), éloignant gentiment les filles qui cherchent, me rapprochant peut être de la fille avec qui je suis bien. Ce n’est pas toi. Je n’ai rien à expliquer et si je t’ai blessée j’en suis désolé mais tu aurais dû le dire de suite, pas rester dans ton coin. Tu es partie. C’est ton choix.

Quant au blocage, ça m’a aidé à t’oublier même si je tweete parfois quelques 11 :11 ton chiffre préféré. 

Tu m’as manqué, mais c’est fini.

X."

 

Il m'avait fait découvrir ça et même si je connaissais Moby, le voilà lié à lui. Et j'avoue, parfois je vais encore le lire. 

http://vimeo.com/64282391



30/06/2014
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