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La fille d'attente

Aussi loin que je me souvienne, c'est toujours moi qui pars sans forcément claquer la porte mais parfois oui. J'en ai marre, je pars pour la proie ou je pars pour l'ombre mais je pars. Cela, c'est dans le cadre du boulot. Je n'ai jamais été licenciée. Je suis partie. Sans indemnité. Pas de rupture conventionnelle ou d'accord de branche. Je ne suis pas une fille d'argent. Je suis une fille de foi. Tant pis, c'est ainsi.

En revanche, dans ma vie perso, c'est une autre douleur. On me laisse sur le bord de la route sans que je sache réellement pourquoi et sans que je le pressente. Je sais ce que vit un chien qu'on abandonne.

Ce qui est plus troublant encore c'est que je suis celle qui remonte le moral, adoucit la solitude ou la rupture. Je suis là à disposition pour le réconfort. Je vais bien, je suis à fond dans le travail, dans ma famille, ma maison, ma vie, et la rencontre humaine pointe au coin de la route. Mon autre est triste, malheureux, est mal dans sa vie de couple, se remet difficilement d'une rupture ou jure par tous les dieux que sa liberté est au-dessus de tout. Je suis là, soumise, prête à tout, à vivre le grand truc et je le vis. Et quand je me mets à rêvasser, à poétiser la relation, mettre des chabadas, l'annonce arrive en plein coeur. "Quelqu'un d'autre est dans ma vie et c'est chouette. Merci".

Merci à la fille d'attente que je suis.

 

Alors je m'interroge. Pourquoi. C'est forcément moi, je ne sais pas aimer, je casse tout. Trop de passion ou pas assez. Je me tourne vers l'enfance, je me tourne vers ceux qui me quittent pour m'aider à comprendre. Pas de réponse. Pas d'aide pour ne plus reproduire ce qui ne va pas. Trop distante sans doute quand tout va. Je ne veux pas envahir alors je me mets sur pause. A vrai dire, je ne sais pas. Une relation se construit à plusieurs, au moins deux.

Aurais-je dû me battre ?  Dire que je ne veux pas que l'autre me lâche ?  Que je veux encore me promener sur son coeur (et son corps). L'horoscope qui passe à la radio pendant que j'écris ces mots m'annonce qu'il est temps que je tourne la page et pour ma dernière souffrance, qu'il peut se lancer dans son autre relation avec bonheur. Alors je ferme les yeux et laisse les larmes couler. Tourner la page c'est aussi cela. Le temps fera son office et parfois je me souviendrai de cette souffrance en m'en étonnant. Mais là, il faut attendre.

 

Le prochain tu es prévenu : ne me raconte pas ta vie, tes failles, tes errances. Notre relation commence ici et si possible maintenant. 

 

Lire aussi sur le sujet : "Qu'on est bien tous les deux" (11.11.2019).

 



13/03/2022
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