Seule dedans
Rue sombre, je me vois marcher sur le sol, ma silhouette est écrasée par la lumière du réverbère.
Un enfant traverse la rue, un de ses parents dans chacune de ses petites mains. Il est heureux, bonheur amplifié par l'approche de Noël, il babille "hein papa, hein maman". Ma silhouette s'affaisse un peu plus sur le sol. J'envie ce bonheur tout simple. Je me vois telle Anna Karénine avec ses mauvais choix ou qui ne les a pas assumés, "Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon"*. Il ne me reste plus rien à vivre, j'ai tout raté. Aucune ombre ne se déplace à côté de moi sur le sol.
Je me réfugie chez moi avec soulagement, prends la carte de l'agent immobilier. Oui je vends cette maison qui a vu tous mes bonheurs enfuis, à bas prix s'il le faut, peu importe. J'appelle le banquier qui m'accorde une avance sur la vente. Je m'en vais. Je me sauve pour ne pas sombrer.
Une semaine plus tard, je suis sur un bateau qui m'emmène pour une croisière sur les fjords. C'est Noël, le capitaine me sachant voyager seule, m'a invitée à sa table. Il est beau le capitaine. Je n'ai plus de famille, plus d'espoir, mais les envies intactes. Et depuis le temps que je rêve d'un Noël yeux dans les yeux.
* Léon Tolstoï
NB : la croisière sur les fjords (voir "Monsieur tu es") est sur ma liste au Père Noël
Format court : entre 10 et 250 mots. (249 Tolstoï et NB compris)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 15 autres membres