nuago

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Sur moi


Qu'on est bien tous les deux

Je viens de quitter ton lit, celui à barreaux, qui m'a laissé quelques marques que je touche avec plaisir, j'ai aimé comment tu as ri, j'ai aimé te faire rire après que je t'ai pris. J'ai aimé nos chuchotements à la suite, tu es très bavard pendant, après, avant aussi ; j'aime quand tu es bavard. J'ai aimé ta surprise silencieuse quand je t'ai dit qu'on pouvait être amoureux sans pour autant vouloir vivre en couple. Je me sens bien avec toi. Tu ne veux pas qu'on soit amoureux. Je suis d'accord, à condition de pouvoir dire à l'autre qu'on a envie de le voir. J'ai envie de te voir et tu refuses quand je m'avance à te le dire. J'essaie de me montrer détachée. Je suis bien sans toi aussi. Quand tu penses à moi. Quand tu m'envoies des messages, des musiques, mais là tu m'envoies des silences et je mets à attendre. Je trompe mon ennui en écrivant, en rangeant la maison, ma maison pas la nôtre. J'aime ta maison, les bois blonds et le mur orange. 

Et puis soudain je comprends, je ne peux pas te demander, je ne peux pas avoir envie, je ne peux pas être. Je dois attendre, attendre ton bon vouloir, attendre ton envie, attendre que tu aies envie de moi. Ton lit à barreaux, de nombreuses autres le connaissent, tes "canaille" c'est ainsi que tu nous appelles pour nous émoustiller, nous ne sommes qu'une et tu te partages entre plusieurs, selon tes désirs. Tu n'aimes pas les règles mais tu imposes les tiennes.

Malgré tout, je te respecte, toi et ta ligne de conduite. Je ne cherche pas à approfondir les raisons, tu me les as expliquées au gré de tes récits de feu ta vie de couple. Je ne me lance pas dans tes failles et tes motivations profondes. Je remarque que tu ne m'écoutes pas, tu ne t'intéresses pas à moi. Tu voulais vérifier ma peau douce, mon aura, ma sensualité, tout ce que ta copine t'a raconté de moi. Mais moi ? Je ne compte pas. 

Alors je m'éloigne, comme à mon habitude. Et tu ne chercheras pas à me retenir.

On était pourtant bien tous les deux.

 


11/11/2019
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Soupir au long souvenir

Le plaisir me fuit

Le cerveau s'en est mêlé

Et soudain apparaissent tes baisers

Le goût doux des instants volés

Le souvenir de ta barbe au creux de mon cou

Tes doigts coquins qui courent partout

Je m'abandonne à ces moments

J'oublie que je suis avec un autre amant

 


11/09/2019
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Expérience nue : modèle vivant

Je suis là, derrière le rideau attendant de sortir, serrant le peignoir sur mon cou, petite appréhension bien connue, celle de se jeter dans l'inconnu, crampe d'estomac que je sais reconnaître comme la peur doublée d'une excitation, la crainte de ne pas être à la hauteur, d'être ridicule mais avec cette envie de le faire, car ça va aller, je suis motivée, je me suis préparée. Le rideau va s'ouvrir, je vais entrer en scène.

L'envie m'est venue il y a longtemps, je m'étais inscrite aux Beaux Arts en cours du soir et la première année, c'était Henri IV et sa barbichette qu'on devait reproduire au crayon/fusain/sanguine/encre de Chine, je ne peux pas passer sur le Pont Neuf à Paris sans penser à lui et jeter un regard vers la statue équestre à l'entrée de la petite place. Nounours, le prof, passait voir les deuxième année qui s'essayaient aux mêmes techniques mais sur modèle vivant, et j'entrevoyais le nu avec un regard gourmand par l'entrebaillement de la porte. Parfois, il recevait une élève dans cet interstice, une élève qui ne pouvait plus payer son matériel et voulait faire modèle. C'est 30 francs disait Nounours, puis il emmenait la quémandeuse dans son bureau. J'imaginais qu'il lui demandait de se déshabiller et admirait les courbes de la douce nécessiteuse, pour lui seul, avant de l'offrir aux yeux des techniciens, artistes en devenir. 

Tout le monde se relâchait pendant cette absence, les élèves laissaient leur outil. La nue se levait et étirait ses membres engourdis, provoquant chez moi un émoi agréable de la voir s'étirer et tirer ainsi ses seins vers l'infini. Je n'étais sans doute pas la seule à m'émouvoir devant un tel spectacle mais j'étais trop paralysée par mes sentiments intérieurs pour m'intéresser à mes voisins. D'autres parlaient entre eux, habitués.

Pour la petite anecdote, je ne suis pas passée en deuxième année, les cours ont été interrompus un soir, Nounours ayant été arrêté par la maréchaussée, une histoire courait dans les couloirs, de droit de cuissage interdit par le règlement, et le temps qu'ils retrouvent un autre enseignant, j'avais vogué vers une nouvelle vie.

Mais depuis j'y pense souvent, 30 francs quand même, pour me montrer nue et ne rien faire, sauf faire saillir un muscle ou pointer du sein, et encore... Alors après mes expériences nue, en solitaire, en petit groupe ou sur la plage sous des yeux pluriels, pourquoi ne pas tenter. Je suis âgée, ma peau commence à se froisser, créant des ombres, des creux, des tombées ; ça peut intéresser des étudiants. 

 

La nuit des modèles vivants va bientôt avoir lieu, je ne suis pas encore morte, je me renseigne, c'est complet et réservé à une élite expérimenté mais le prof qui mène ces cours en présence de modèle retient ma candidature. Il me pose quelques questions, quelles sont mes motivations par exemple. J'ai bien envie de lui raconter mes expériences, lui dire que je fais cela comme une quête, ou un travail artistique, que j'ai envie de cette performance, raconter le vent sur ma peau, ma découverte du plaisir à l'exhibition, que ça reste très confidentiel, si mes compte rendus sont lus par dix personnes c'est beaucoup. Le cul est aussi damné dans le milieu artistique, on le côtoie, il n'y a pas de psychose, ça doit rester propre. J'opte donc pour lui parler des fins de mois difficiles. C'est un complément de revenus qui m'intéresse monsieur. Il accepte donc ma candidature.

 

Je me suis donc préparée, je suis restée dans mon fauteuil, nue, m'astreignant à rester stoïque, ou allongée sur le canapé. Tenir la pose. Le pied en l'air, l'air de rien, le torse contorsionné. J'ai nagé sur le dos à la piscine, tendant les bras loin dans l'eau pour que mes seins se redressent et restent fermes. Le résultat me convient. Mes cuisses ne pendouillent pas non plus. Mais derrière le rideau, je me maudis, je doute, j'aurais dû mieux m'entraîner. Ma dernière histoire de cul se dresse devant moi, pourquoi a-t-il tout arrêté soudainement ? Les pensées tapent dans ma tête, oh arrête. Je regarde mon ventre qui reste flasque, il a porté la vie, va je t'aime quand même. Je pense à la plage, les regards, les propositions. Je me requinque comme je peux. Ouvrez le rideau, que j'arrête de douter. 

J'entends des pas s'approcher, le prof entrouve le rideau, ma bouche s'assèche, je vais entrer en scène. Il me regarde avec un sourire triste, "désolé-la-séance-est-annulée-les-élèves-ont-décidé-de-faire-grève-je-vais-vous-régler-les-frais-de-déplacement-avez-vous-un-ticket-d'essence-ou-de-train-quelque-chose-pour-la-prochaine-séance-on-va-attendre-je-vous-rappelerai". Les mots arrivent à mon cerveau, de manière saccadée. Frustrée. Maudite époque. Je n'ai plus qu'à me rhabiller.

 


17/11/2019
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Je ne suis jamais seule avec ma solitude.

Seule.

Depuis le temps que j'espérais cet état. La  solitude. Être en face de moi-même, me consacrant aux activités désirées, décidées, voulues par moi pour moi.

Enfin seule.

Il faut s'habituer. Ce fut soudain. Mon enfant a pris son indépendance. Je m'y préparais doucement me disant je ferai ci ou ça, ci et ça. Et puis j'y suis. Face à mon miroir. Je peux écouter la musique que je veux, me promener nue, sortir ou pas, manger ou pas.

Je fais tout cela, seule.

C'est l'ennui. Je me sens vide, inutile. Écrire, dessiner, ravauder, repeindre, pédaler, voyager, lire, le cinéma, le théâtre, je fais tout cela mais pour qui. 

Seule, pourquoi ?

Et soudain j'aspire à un nouvel état : secouée, retournée, contredite, désirée, aimée. Et plus jamais seule.

 

Merci Georges Moustaki.

(Avec Pink Martini)

 


03/07/2022
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Barbiejournaliste

 

Rififi au centre équestre, la majorité municipale mise à mal par une pétition d’enfants.

 

C’est par ces mots que je débuterais mon article si j’étais journaliste.

Hâte de lire en tout cas le compte rendu dans la presse* sur la rencontre entre le président de l’agglo, accessoirement maire de ma ville, et les adhérents du centre équestre dont sa présidente, conseillère municipale, a joué la carte du « je suis malade » se mettant en retrait comme à son habitude, préférant regarder brûler l’huile qu’elle avait jetée sur le feu que participer à la discussion. Il y a des gens comme ça que tu pourrais admirer et qui se révèlent être de sacré salopes. N’oublions pas les grandes grèves qu’elle a déclenchées quand elle était directrice financière du centre hospitalier. Le plus venimeux est quand elle a instrumentalisé les enfants disant que c’était leur idée de pétition. J’imagine les pensées des enfants ce soir se demandant ce qu’ils ont bien fait de mal.

Dans tout cela, le président de lagglo a été très bon sauf quand il a craché sur les socialistes car là, il a perdu le public. Les adhérents, eux, ont été parfois incisifs, souvent touchants dans leur envie simple de sauver l’école d’équitation, écartelés par un combat politique qui les dépassait au milieu d’institutions et de budget public. Le maire président lançait vers sa conseillère présidente des « Monique » auquel elle répondait par des « François » du fond de son masque, dignes d’un roman photo tiré d’un vieux Nous Deux qui auraient pu tirer des larmes si les acteurs avaient été moins faux cul dans leur tirade.

Personne n’a parlé de jumping. J'étais venue pour cela. Je ne suis pas repartie frustrée mais avec une idée d'article que je couche avant de l'oublier.

 

*Ce fut lénifiant à souhait. Atchoum.

 

 

 

 


12/10/2023
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Regards posés

Je te regarde vivre, toi que j'aime et qui ne me le rend pas, qui voulais qu'on soit amis intimes à nous raconter nos vies sans les partager, à nous câliner à l'occasion. J'ai renoncé avec regrets et colère démesurée, tu m'avais blessée profondément laissant des crevasses. Je te regarde vivre cette vie que je rêvais avec toi : partager parfois un lit la nuit, des balades sportives, des mots doux mais tu ne voulais pas avec moi. Je te regarde vivre cette histoire avec une autre, avec envie, avec jalousie et enfin avec la tendresse du pardon. Je tourne la page.

 

Je te regarde toi mon prochain amour, qui souffle le chaud et le froid, me jetant des œillades fiévreuses et coquines puis te détournant et me dédaignant, préférant aimer ton portable ou rejoindre la femme mariée, inaccessible, c'est plus facile, il n'y a pas de crainte de fusion/lésion. Avec moi, tout est sous-entendu ou à contresens. Si j'osais... Mais j'ai peur, peur d'avoir mal encore et de ne pas savoir faire avec toi. J'ai ce besoin archaïque que tu fasses un pas vers moi. Donne l'impulsion, je suis embourbée dans mes contradictions. Je vais finir par tourner la page.

 

Je te regarde toi avec qui je danse, qui m'encourages et me donnes envie. Tu ris devant mes blagues. Tu aimes quand je te taquine. Tu t'intéresses à moi et c'est plus facile. Je suis moi, sans accroc, sans retenue, sans histoire. Ta mère est venue nous voir danser et nous observait, bienveillante. comme si elle savait nos regards désirants et se rassurait de cette relation naissante. Je veux aimer un garçon, ce que tu n'es pas. Dans ces désillusions masculines, je me noie. Le plaisir féminin éclaire mon chemin. Avec toi, ce serait bien. Dois-je alors tourner la page ?

 


09/05/2023
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Assises

Et si.

Et si je n'étais pas comme les autres. Et si je ne pensais pas comme les autres.

En 2019, une connaissance politique est décédée. Elle a été assassinée et les réseaux sociaux puis la presse en ont longuement parlé car c'était un personnage public, d'une cinquantaine d'années, qui avait fait des choses dans la ville, connu pour son engagement politique, son syndicalisme. Il était marié, père d'enfants. Il était aussi connu pour son côté aventurier. Un de ses faits est qu'il avait nettoyé les caves sous la place centrale de manière un peu sauvage. C'est ainsi que je m'étais légèrement frittée avec lui car je n'étais pas d'accord qu'il explore les caves voûtées sans en référer auprès de la DRAC ou des services archéologiques, qu'il fasse cela de manière peut-être dans un but historique et touristique mais pas de manière régulière et mon côté archéologue de formation le vivait mal. Je le lui avais dit. 

Quand j'ai appris son assassinat par sa maîtresse, forcément j'ai été étonnée comme les autres, presque choquée par la forme de mort, inhabituelle, mais en même temps que ce soit par l'une de ses maîtresses ne m'étonnait pas, car il avait beaucoup de charme, des yeux de chat, une façon de parler très douce et de regarder son interlocuteur avec un sourire au fond des yeux. Il avait quelque chose de très charismatique par sa façon de discuter, de donner de l'importance, de respecter l'autre et de contredire tout en faisant comprendre que cela n'était que de la discussion.

Un jour, il m'avait interpellée en tant qu'élue, au sujet de son épouse qui n'était pas contente car je ne lui avais pas dit bonjour. J'avais éclaté de rire à ses propos. "Franchement je ne connais même pas ton épouse peut-être que je lui ai dit bonjour peut-être pas je ne sais pas je n'ai pas salué tout le monde parce que j'étais en retard et que j'avais hâte que cette réunion commence elle était là peut-être oui je sais j'ai vu quelqu'un dans un coin qui parlait avec d'autres personnes j'ai dit bonjour à la cantonnade elle m'a regardé elle n'a pas répondu ben voilà je ne me suis pas présentée je ne savais pas que c'était ton épouse quelle importance d'ailleurs ce que je veux ce sont des actes je veux bien me présenter ou reconnaître les gens par rapport à ce qu'ils font et non pas par rapport à ce qu'ils sont". Il avait fini par reconnaître qu'effectivement c'était stupide cette discussion, on avait d'autres choses à faire, elle était quand même un peu jalouse peut-être possessive elle avait peut-être des raisons de l'être. Par la suite, ce fut lui qui fut élu. Jamais son épouse ne m'a adressé la parole. Elle devait penser que j'étais l'une des favorites de son mari. Non, la favorite des maris de ses amies sans doute. Je faisais partie d'une association qui ramassait des déchets et elle en faisait aussi partie. Les bénévoles l'ont saluée, on lui disait bonjour, attention c'est la femme de l'élu. Ça me faisait rire. Je me suis dit c'est celle qui n'apprécie pas que je ne lui dise pas bonjour. Oui, on en est là.

 

Quand tu es décédé, sa vie a basculé, elle a découvert, ou du moins peut-être le savait elle déjà, tes incartades qui ont été dévoilées sur la place publique, tu as été tué par ta maîtresse, une amante que tu connaissais depuis cinq ans et dont la relation se délitait depuis deux ans. J'ai lu les compte-rendus d'Assises et j'y ai vu un parallèle avec ma propre vie et mes propres histoires avec des hommes mariés. Celle qui t'a assassiné a été exemplaire quelque part dans son meurtre puisque elle t'a tué sur un coup de colère, du moins c'est ce qu'elle dit, et ensuite elle est partie. Elle a appelé les secours pour dire que tu étais blessé, elle ne savait pas que tu étais déjà mort, elle ne t'a pas aidé sur le lieu du crime, elle est rentrée chez elle et par la suite, sur les réseaux sociaux et dans la presse, l'information s'est répandue comme une traînée de poudre, tu étais décédé. Elle a donc averti son époux et ses enfants, elle a raconté sa relation avec toi et ensuite, elle est allée se livrer à la police. C'est en cela l'exemplarité. Elle assume parce qu'elle reconnaît les faits, parce qu'elle sait que cela va bouleverser la vie de sa famille et elle n'est pas lâche, elle ne se sauve pas. Elle a pris les devants et s'est rendue à la police où elle a avoué. Elle a passé quelques temps en prison puis son procès a eu lieu. Là, elle vient d'écoper de 15 ans.

Tu es mort sur le coup. Elle raconte la bagarre, qu'elle est venue te voir car elle voulait savoir si ce qu'on racontait était vrai, que tu partais vivre ailleurs, dans un autre département, avec ton épouse et ta famille, que tu recommençais à vivre une autre histoire, loin d'elle. Toi, tu lui avais dit que tu partais juste en vacances. Elle se doutait bien que c'était faux, elle voulait savoir la vérité. Vous vous êtes disputés, tu l'as fait tomber, elle s'est relevée, elle a pris le couteau qui traînait sur la table et te l'a planté en plein cœur, une lame de 11 cm qu'elle a enfoncée de rage. Tu venais de lui dire qu'elle était bête comme du foin.

Je suis restée sans voix à la lecture de ce compte-rendu. "Bête comme du foin". Toi qu'on dit humaniste.

Forcément, nous n'avons que sa version mais quelque part je sais bien que ces mots-là, tu as pu les prononcer. Je suis triste, triste pour cette femme, elle a souffert, elle t'a aimé, c'est ce que disent les articles de presse qui relatent deux familles complètement détruites en raison de deux femmes qui ont aimé le même homme. Deux femmes mais peut-être qu'il y en avait plus. Je crois bien qu'il y en avait plus.

Mes amis autour de moi disent qu'il faut penser à ton épouse, qu'elle est forte, qu'elle a souffert et gnagnagna. Ils ont raison mais je pense aussi à ta maîtresse, elle a souffert aussi. Quand un homme vous quitte sans le dire, quand vous savez que cet homme vous quitte, il ne faut pas s'effondrer, il ne faut pas se montrer ridicule ou faible, il faut rester digne. C'est difficile. Moi-même pourrais tuer à ce moment-là, la rage est en moi aussi, je ne sais pas me détourner, je dois me gourmander pour ne rien faire. rester stoïque, regarder ailleurs, ne pas montrer ma souffrance mais juste mon indifférence. On me dit des choses, j'encaisse, j'encaisse, je ne sais pas dire "oh là là c'est trop là ça ne va pas", j'encaisse et finalement ça sort plus fort que moi, je ne sais plus me contrôler, je le sais. Je me dis en même temps "contrôle-toi c'est pas ça, ça va pas, contrôle-toi, arrête là arrête là". Sur ma dernière relation, c'était ainsi, je savais bien qu'il ne fallait pas que je réponde à ses sms, que je dois dire tant pis et ne pas écrire des pavés mais j'ai écrit des pavés. J'ai laissé la porte ouverte pour qu'il me fasse mal et il m'a fait mal. J'ai réagi en allant le voir mais je n'ai pas sonné à sa porte, je n'ai pas pris de couteau mais un cadeau que je lui avais apporté. J'ai jeté le cadeau par la fenêtre entrouverte et je lui ai dit des mots horribles juste pour que ça se termine, juste pour arrêter d'avoir mal, pour lui montrer combien j'avais mal. Mais il n'en avait cure.

 

Cet homme a été assassiné et, effectivement, ça ne devait pas aller jusque-là. S'il avait été juste blessé, les pompiers seraient arrivés, il aurait été hospitalisé, la presse en aurait parlé puisque c'est arrivé dans un lieu public, parce que les faits n'auraient pas pu être cachés, peut-être évoqués à mots couverts mais son épouse l'aurait su, elle aurait autant souffert, peut-être qu'aujourd'hui elle ne vivrait plus avec lui, elle serait partie ou pas, les femmes pardonnent. Aujourd'hui elle souffre, elle voit une psychologue, je vois la même, je l'ai croisée une fois dans le couloir, on ne s'est pas dit bonjour...

S'il avait été seulement blessé, il aurait dû affronter les autres, affronter sa famille. affronter sa lâcheté, affronter nos regards de femmes bêtes comme du foin. Hébétées, hagardes, boxées, assises.

 


18/04/2023
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Les hommes petitsbonheurs

OK je chouine souvent mes amours perdues. Comment on me quitte. Comment on me fait mal. Comment je sors la tête de l'eau. Je cherche à travers les écrits la raison, le pourquoi de cette solitude inéluctable, attendue, impitoyable. Et pourtant, dernièrement je me suis aperçue être appréciée par la gent masculine... mariée. Le bouclier épouse étant connu de moi, cette catégorie d'hommes ose me faire des compliments qui ne vont pas plus loin que me dire "toi je t'apprécie" et leurs petites attentions sont agréables.

Ce serait plus plaisant si les hommes disponibles me faisaient ce genre de déclaration mais je ne peux pas tout avoir apparemment (chouine chouine).

C'est d'ailleurs étrange qu'en milieu libertin c'est identique. Je peux rester seule dans mon coin sans être abordée. Les femmes isolées sont craintes, cela arrive à d'autres que moi j'ai remarqué, je ne suis pas unique à poireauter en me donnant une contenance. Les femmes en couple ou en groupe sont davantage sollicitées car elles ne sont pas vues comme recherchant autre chose que le plaisir de l'instant. Elles ne vont pas réclamer un rendez-vous par exemple. A la fin d'une baise, j'aime me lover dans des bras, papoter, boire un verre. Impossible en milieu libertin. On essuie le matelas et on retourne à la case départ. Boire un verre ? Une femme seule ne doit absolument pas se diriger vers le bar au risque de boire son verre seule. Jacuzzi direct. Ou douche. Ou mieux, hammam. On n'y voit goutte. Je m'assieds à côté d'un gars et soudain un gars ou deux arrivent et pensant sans doute que je ne suis pas seule, se mettent à me caresser et mon pseudo conjoint s'y active aussi. 

Idem en milieu familial*, on papote entre cousins de cousins. Elle est sympa ta cousine. On rit. On tient des propos graveleux. Mais aucune suite ne sera donnée. On a passé un bon dimanche. Merci.

Avec les mariés, il y a des mots, des sourires, des regards échangés. Ça pourrait se faire. Et ça se fait parfois, on saute le pas. Moins du fait que je freine,  je ne veux plus. Ma santé mentale en a besoin. Je suis dépendante affective. J'attends les appels, les mots doux, les caresses. Je ne veux plus d'impasse et manque.**

J'aime les discussions autour d'un verre. Je croise certains en allant travailler, dans mon groupe de vélos, à l'atelier de réparation, aux manif citoyennes, aux soirées de copines.

J'essayais d'allumer une bougie quand B vient m'aider et me dit qu'il aime bien me lire. Je suis marrante, décalée, toujours juste. Tu sais CBidule c'est moi sur Facebook. J'ai créé ce compte pour te suivre... je te lisais par dessus l'epaule de mon épouse... 

Y vient s'asseoir à côté de moi en réunion et me chuchote en aparté avoir un projet de vélorando de trois jours avec un autre copain et peut être un troisième. On aimerait bien que tu viennes. T'es cash on adore et tu pédales sans râler. Puis cet été on irait bien en Roumanie. Si t'es dispo...

Trois gars et moi, oui je suis dispo, dit mon cerveau décalé.

J. C'est au boulot. Il a avancé son heure de repas pour être dans mon horaire de cantine. Ça commence à jaser. M'en fiche il dit, c'est un plaisir de déjeuner avec toi. Mais en tout bien tout honneur hein ?

Oui oui slurp dans ma banane avec gourmandise. 

L me taquine sur mon frein énergétique et propose régulièrement de m'emmener au 7e ciel dans son autogyre.

Peut-être un jour.

Avec T je papote dans sa cuisine quand j'attends son épouse pour co-pietonner. On parle de la vie.

Merci les gars pour ces petits bonheurs. Ils me sont nécessaires, voire salutaires actuellement. Merci.

 

* ah ah la transition est drôle. Je parle de rencontres pas de baise, gardez la ligne du sujet en tête. Sourire.

** et je pense aux épouses (c'est nouveau cela et je m'interroge sur la raison).

 


18/12/2022
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Et toi tu manges quoi ?

Le cinedebat AlimenTerre, j'ai failli ne pas m'y rendre vu qu'au boulot on s'est retrouvé coincé à l'intérieur et puis j'y arrive à temps. Le programme est annoncé : 1 heure de film 1 heure de débat tout au plus. Je soupire. J'ai envie de cooconer.

Le film me happe, m'interroge. J'apprends des trucs que je croyais savoir. Il me conforte dans ma façon de vivre. Comme quand je dis que je ne composte que ce que je produis.

A la fin du documentaire,  l'animateur demande l'avis du public. Je lève la main. Je ne mangerai plus jamais. On est manipulé, mal informé.

Le débat commence. Les interventions sont de qualité et interrogent. On est tous dans la même galère. L'agriculteur du Togo est passionnant. Un agriculteur français bio local me dit de manger français bio local.

Mouais les bananes de Martinique sont azimutées au chlordecone. On nous a bien manipulés sur le sujet. Et pourtant c'est français.

Le biolocal je pratique. L'agriculteur dit être de Hersin Coupigny. Il n'y a pas un projet d'enfouissement des déchets dangereux là bas ? Le bio va-t-il rester bio ? Sa terre ne sera-t-elle pas infectée ?

Le monsieur n'est plus avec nous, il est plongé dans son portable tout comme mon voisin. Ah oui le foot. La France semble gagner.

Et soudain un monsieur prend la parole et parle de sa terre, du bio du vrai, pas du bio où l'insecticide remplace le glyphosate. De ses patates qui résistent au mildiou et qu'il replante. Et soudain j'ai nouveau espoir.

Et puis j'ai faim. 

De plus comme disait Pierre Pechin "tu bouffes tu bouffes pas tu crèves quand même".

 


25/11/2022
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Velotafeuse

J'ai le style sur Bobette ah oui ?

J'ai le style sur Bobette ah oui ?

Bobette au boulot, devant le local vélo, attendant que je l'enfourche.

Bobette au boulot, devant le local vélo, attendant que je l'enfourche.

Mon vélo, ma Bobette, c'est avec mon premier vrai salaire que je l'ai acquis dans le monoprix de la rue Gambetta à Lille. Hollandais avec un panier, trois vitesses et une dynamo : le luxe.

Bobette a vu se dérouler ma vie, une agression : renversée dans le fossé avec moi dessus, le transport de bébé sur son siège pour aller à la crèche, un stage d'accompagnatrice d'enfants scolarisés et donc des balades en groupe. J'ai ressorti Bobette en mars 2020 avec le Covid, j'avais peur du manque d'essence, de garagiste. La route était vide, un véritable espace de liberté. Les voitures sont revenues en surnombre et je suis devenue velotafeuse revendiquée.

Le vélo, c'est oublier ses problèmes pour se concentrer sur son chemin, c'est l'adrénaline diffuse, c'est regarder autrement l'espace qui nous entoure, c'est un petit bonheur à chaque trajet.

Bobette c'est 0 euro en essence, 0 euro en électricité, 0 euro en salle de sport, 0 impact carbone.

Louison Bobet a inspiré son surnom. Elle a son # sur IG #leshistoiresdeBobettelabicyclette 

Depuis quelques jours, j'ai changé d'horaire au boulot. Partant une demi-heure plus tard, je rencontre d'autres cyclistes, beaucoup de trotineurs. J'évite les horaires des écoles et désormais je vois les parents repartant chez eux et non plus les enfants criant, pleurant ou exprimant une sorte de joie à aller à l'école.

J'ai le sentiment étrange de ne pas être légitime sur ce trajet, une inconnue, et j'ai bien envie de repartir à mon ancien horaire pour revoir ceux que je croisais habituellement (à différents niveaux selon mon retard) pour leur dire coucou je suis encore là, ceux avec qui j'échangeais un bonjour, un petit signe, des infos rapides sur la route "attention aux travaux/laccident/la manif".

Le velotaf ce n'est pas seulement un mode de transport, c'est aussi créer des relations sociales éphémères mais régulières avec les autres usagers de la route, connaître leurs habitudes, leur retard, se demander vers quel destin ils roulent. 

S'il m'arrivait d'être prompte à insulter les autres usagers en prenant la voiture, le vélo a modifié mon comportement, non pas par crainte de représailles mais parce que les autres, je les connais.

Allez en route, allons faire connaissance avec les nouveaux copains.

 


04/07/2022
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