nuago

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Monsieur, tu es

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Monsieur, tu es beau. 

Tu as entraîné tout un petit monde derrière toi, tu voulais aller sur la plage dire au-revoir aux mariés qui partaient en voyage de noces sur les fjords. Toutes les filles présentes ont apprécié l'idée. Tu as ri de tes dents soignées, de petites rides sont apparues au coin de tes yeux, ton charisme faisait effet, même sur moi qui à présent te regarde de loin au milieu des suiveuses plus belles les unes que les autres dans leur robe de fête. 

Monsieur, tu es drôle.

Sur cette plage où un peu de brume apparaît, tu lances tes bras de manière effrénée vers ce bateau qui s'éloigne emportant les mariés. Les filles t'imitent et retirent leurs sandales stylées pour planter leurs pieds dans la mer et saluer ce point qui rapetisse petit à petit. Tu retires ta veste, ta chemise. Elles dénudent leur poitrine à ta suite, laissant apparaître pour les unes des dessous corsetés, et pour d'autres juste les tétons pointant sous la bruine qui commence à tomber. Je commence à saliver, je sens mon ventre se resserrer.

Monsieur, tu es voluptueux.

Entouré de ces poitrines peu ou prou dévoilées, tu papillonnes de l'une à l'autre, te laissant caresser, effleurant les peaux soyeuses, admirant les seins blancs. Tu regardes, tu poses ta bouche, tes mains, tu te laisses déshabiller. Tu es heureux sous ces mains. D'ici, je te sens mordu de ces soirées où tu es le roi, le seul, le premier. Je t'envie.

Monsieur, tu es autoritaire.

La pluie gagne en intensité et tu entraînes le monde dans ton sillage, ailleurs, continuer la soirée. Tu m'aperçois, là, assis sur la dune, protégé par un carton. J'essaie de me soustraire à ta vue mais il est trop tard. Tu dégaines ton portable, dis aux filles de se rhabiller, me pointe du doigt caché dans ma boîte. Tu préviens les autorités. Je m'apprêtais à nager jusqu'au bateau que tu as salué, mais ton arrivée a changé mes projets. De mon regard je te supplie d'arrêter, je parle, tu cries, j'essaie de te dire non, que je ne veux pas de mal. Mais devant ton incompréhension, je n'ai plus qu'à me sauver, une fois de plus.

Monsieur, tu es...

J'ai seize ans, je ne suis qu'un migrant sur une plage de Calais, rêvant de ta liberté.

 

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Un jour, j'ai reçu un mail de MarieTro de la #TeamEcriture (voir rubrique à découvrir et ci-dessous)

En accord avec Venise, notre chère instigatrice, je vous propose le thème suivant pour une petite histoire :
« Cette histoire se passe en bord de mer, un jour de pluie »
J'aimerais ajouter à cela trois mots, dont vous pouvez user comme bon vous semble. Soit vous les intégrez dans le texte, soit ils donnent une tonalité à l'histoire, par exemple.
Voici les mots : voyage de noces, boite, mordu 
Le délai serait de 15 jours, soit le 9 novembre.
 
Coller à l'actualité sur un thème qui est cher à mon coeur depuis toujours, la migration, m'a fait sauter à pieds joints sur la proposition, voir http://nuago.blog4ever.com/dzie324-dobry
Le Nord-Pas de Calais est une terre de rencontres, de croisements, d'accueil. Aujourd'hui, elle souffre et se révèle impuissante à accueillir les migrants du monde entier qui espèrent se rendre en Angleterre. 
 
Merci à Yann, mon premier lecteur (voir rubrique à découvrir)
 

Quelques articles sur la situation des migrants dans le Pas-de-Calais, en attente de trouver un passage vers l'Angleterre.

2015 : des solutions ?  http://www.lavoixdunord.fr/region/tout-ce-qui-va-faire-bouger-le-nord-pas-de-calais-en-2015-ia0b0n2583248#utm_medium=redaction&utm_source=twitter&utm_campaign=page-fan-vdn

Un centre ? Celui de la Croix Rouge a été démantelé en 2002.

http://www.lavoixdunord.fr/region/futur-centre-d-accueil-de-migrants-a-calais-nous-ia33b48581n2468906

http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20141103.AFP9817/migrants-cazeneuve-a-calais-pour-trouver-des-solutions-humaines.html

Sur la préoccupation des gouvernants

http://www.lavoixdunord.fr/region/migrants-sept-visites-de-ministre-de-l-interieur-a-ia33b0n2470541

http://www.ledauphine.com/france-monde/2014/11/03/migrants-cazeneuve-a-calais-pour-affirmer-l-action-du-gouvernement

Des morts en essayant de partir, des morts dans les bagarres entre communautés

http://www.lavoixdunord.fr/region/calais-un-migrant-entre-la-vie-et-la-mort-apres-avoir-ia33b48583n2451631

http://www.francetvinfo.fr/france/video-calais-un-millier-de-migrants-refugies-dans-des-batiments-abandonnes_730927.html

L'Angleterre s'en soucie

http://www.lavoixdunord.fr/region/peter-ricketts-ambassadeur-il-faut-expliquer-aux-ia0b0n2448095

http://www.rtbf.be/info/monde/detail_migrants-a-calais-pourquoi-revent-ils-de-la-grande-bretagne?id=8383883

 2023

Rien n'a changé. Les peuples fuient leur pays en raison des guerres, des catastrophes climatiques. La première photo date de juillet 2023 prise à Boulogne sur mer.

 

Les participants au thème : (à suivre)

Skro :  http://skro.hellabeth.com/?p=282

Venize :   http://motspourlecrire.canalblog.com/archives/2014/11/10/30928990.html et  http://motspourlecrire.canalblog.com/archives/2014/11/11/30933050.html

Eladelle :  http://eladelle.tumblr.com/post/102297409599/noce-des-mots-de-gares-en-eaux

Ellie :  http://nirvanadellie.blogspot.fr/2014/11/remembrance-attachante.html

MarieTro :  http://authentiquestropiques.blogspot.fr/2014/11/presents-par-la-fenetre.html

 

 
 

04/11/2014
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Expérience nue, le pourquoi

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La relation à mon corps est difficile, torturée. L'ensemble n'est plus terrible, il s'affaisse, tombe en détresse ; je trouve pourtant encore quelques détails jolis.

Et j'aime être nue, paradoxe. J'aime regarder le corps des autres, surtout celui des filles. Et de nue à vue, subrepticement, épiée, regardée, désirée, j'aimerais.

Alors pourquoi se frustrer ?

Dernièrement, je me suis surprise à avoir envie de me désaper à l'extérieur. Dans la tête, l'idée voulait surgir en réalité, c'était plus fort que moi, il fallait que je le fasse, avant que le temps ne m'efface. 

Trois lieux furent choisis, souvent à l'improviste, parce que l'envie taraudait soudainement, c'était le moment, le lieu, allez hop je le fais. Tout convergeait pour me mettre en lumière telle Venus de Botticelli sortant du coquillage. 

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;-))

Trois lieux donc :

  1. Le jardin chez moi à l'abri des regards (ou pas) fut ma première expérience. J'appris à mieux me connaître, en combien de temps je pouvais dévoiler mon corps. J'étais sur un terrain connu et je voulais me sentir libre dans chaque recoin de la maison, jusque l'extérieur.
  2. Sur la plage, lieu public mais en même temps lieu où la nudité est tolérée.
  3. Le bois, lieu où je fus totalement impudique, flirtant avec le danger, lieu silencieux et apparemment désert où j'avais surtout envie de rencontrer le loup.

De cette expérience, il en ressort surtout que je ne peux être nue sans ressentir l'envie d'avoir du plaisir. De la nudité découlent forcément les mains qui effleurent mes seins, mon sexe qui se mouille.

Etre nue est une forme d'apaisement intérieur. Un bien-être s'installe. Je suis en osmose avec la nature, l'herbe, le sable, les feuilles me caressent (ou c'est moi qui les caresse ?).

Etre nue, c'est aussi maigrir. J'ai perdu quatre kilos lors de cette expérience. 

Etre nue envoie à mon esprit une quantité de fantasmes divers et variés où à la fin je jouis... :-))

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Là, j'avoue, je suis nue.


24/07/2014
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Corps à cordes

 

Ca commence par un regard curieux pour une photo

Avec la moue et les sourcils froncés

Comment peut-on accepter ? Pourquoi ? La fille ne semble pas heureuse.

Ca continue par un récit d'un passionné

Les oreilles transmettent au cerveau cette info, ça peut être une passion partagée

Comment peut-on accepter ? Pourquoi ? La fille semble s'abandonner.

Et puis...

Et puis il y a ce regard gris bleu, bleu, non gris bleu je te dis,

Sa douceur, son élégance, sa jeunesse aussi, la petite ride au coin de la bouche,

Son charisme

Et son univers, la transmission de sa passion : le voyage, la technique, les inspirateurs, le thé, les livres, les photos, les envies, les accessoires, les geishas, les pourquoi, le sexe, les problématiques, le pain, les modèles, les partages, les cordes

Epicure réincarné

Des petites figurines japonaises te regardent te laver les mains dans la salle de bains.

Il te parle, il se raconte, il te pose des questions, il te frôle, il embraye, il te regarde, il t'oblige à toucher

Tiens. Regarde. Alors oui. 

... Il te frôle ... 

 

Tu veux essayer ? Tu préfères quelles cordes ? 

 

Ce n'est pas juste des cordes, 

Entre toi et moi

Ce n'est pas juste des cordes,

Elles sur moi

C'est une danse

Tu préviens

Un mot et je peux tout arrêter

J'ai confiance.

J'étais assise par terre comme ça

Dans une position qui m'allait bien

Je t'entendais t'affairer

Et soudain

Tu as fondu sur moi

Ce n'est pas juste des liens

Une technique inspirée

Tu m'as aspirée dans ta danse

Et tu es doué.

 

Derrière tu faisais, je n'ai rien vu,

J'étais là nouée

Et soudain tu passais devant

J'attendais ce moment

Le corps tendu

Et ta main sur moi, ton bras me prenait le corps

Ta joue contre ma joue

Ton bras tel une queue de chat se pose, et ta main ondule dans la continuité du mouvement et tes doigts et la pulpe des doigts... 

Tu longes et tu prolonges.

 

Et tu reprends, fièvre, affairement, travail,

Et ... douceur complice, sensualité divine, souffle exquis,

Alternance en musique,

Je sens la salive qui glisse, je n'ai pas le nez qui gratte, mais je me mange pour éviter de tout souiller de ma bouche

Tu te remets à l'ouvrage, derrière, appuyant ta poitrine, ton souffle

Ma jambe repliée, les cordes qui glissent

Tu te fâches, les obliges,

Non elles ne veulent pas, 

Je relève la jambe, les trahis, les aide, je ne sais pas

Est-ce moi que tu maîtrises, ou elles à chaque pas ?

 

Me voici dans tes cordes

A ta merci, ou toi à la mienne

Dompteur puissant

Moi lascive, torpeur ambiguë,

Tenue, sans retenue,

Je me laisse,

Mon corps prend possession de mon esprit,

Ou l'inverse,

Quelle importance dans cette portance.

Je sais exactement où tu es, ce que tu fais, je me dédouble

Je m'envole dans cette pièce, ton boudoir rosé. 

Je me vois, corps devenu idéal.

Sentir tes mains

Mais pas sur moi,

Sur l'envie précipice.

 

Le glas qui sonne soudain

Furieux tu dénoues

Non ! Pourquoi ?

Laisse-les sur moi, ne les retire pas

Elles me brûlent et me hantent

Elles se glissent et m'arpentent

Fils de l'architecte

Doucement dans mon antre

Ne sois pas jaloux d'elles

Tu t'arrêtes

Caresses ma peau, celle sans marque,

Tu t'attardes là où il n'y a aucune attache.

Cri dans mon ventre

Tu retires tout

J'ai froid

Je ne suis rien sans elles

Tu les abandonnes et m'entraînes

Loin d'elles, tu me choisis.

...

Tu m'as rendue belle. 

 

C'est une expérience où le temps s'enfuit

C'est une chance et je veux encore la vivre

Ce n'est pas juste des cordes qui se nouent et glissent

C'est une danse torride qui m'attire et nous lie

C'est une osmose où son esprit est entré en moi

C'était divin et je l'en remercie.

 

 

Découvrir l'univers d'Emmanuel Créateur

et en savoir plus sur le shibari

https://mangerbaiser-blog.com/category/shibari/

 

 

 

 

 

 


14/10/2016
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Qu'on est bien tous les deux

Je viens de quitter ton lit, celui à barreaux, qui m'a laissé quelques marques que je touche avec plaisir, j'ai aimé comment tu as ri, j'ai aimé te faire rire après que je t'ai pris. J'ai aimé nos chuchotements à la suite, tu es très bavard pendant, après, avant aussi ; j'aime quand tu es bavard. J'ai aimé ta surprise silencieuse quand je t'ai dit qu'on pouvait être amoureux sans pour autant vouloir vivre en couple. Je me sens bien avec toi. Tu ne veux pas qu'on soit amoureux. Je suis d'accord, à condition de pouvoir dire à l'autre qu'on a envie de le voir. J'ai envie de te voir et tu refuses quand je m'avance à te le dire. J'essaie de me montrer détachée. Je suis bien sans toi aussi. Quand tu penses à moi. Quand tu m'envoies des messages, des musiques, mais là tu m'envoies des silences et je mets à attendre. Je trompe mon ennui en écrivant, en rangeant la maison, ma maison pas la nôtre. J'aime ta maison, les bois blonds et le mur orange. 

Et puis soudain je comprends, je ne peux pas te demander, je ne peux pas avoir envie, je ne peux pas être. Je dois attendre, attendre ton bon vouloir, attendre ton envie, attendre que tu aies envie de moi. Ton lit à barreaux, de nombreuses autres le connaissent, tes "canaille" c'est ainsi que tu nous appelles pour nous émoustiller, nous ne sommes qu'une et tu te partages entre plusieurs, selon tes désirs. Tu n'aimes pas les règles mais tu imposes les tiennes.

Malgré tout, je te respecte, toi et ta ligne de conduite. Je ne cherche pas à approfondir les raisons, tu me les as expliquées au gré de tes récits de feu ta vie de couple. Je ne me lance pas dans tes failles et tes motivations profondes. Je remarque que tu ne m'écoutes pas, tu ne t'intéresses pas à moi. Tu voulais vérifier ma peau douce, mon aura, ma sensualité, tout ce que ta copine t'a raconté de moi. Mais moi ? Je ne compte pas. 

Alors je m'éloigne, comme à mon habitude. Et tu ne chercheras pas à me retenir.

On était pourtant bien tous les deux.

 


11/11/2019
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Tu fais partie de moi

Tu fais partie de moi

Sortie dans la souffrance

Le sourire battant

La joie en innocence

Tu étais en moi

 

Sur le chemin de la vie

Je t'ai montrée les plaisirs

Les interdits

Les envies

Tu étais à côté de moi

 

La vie t'a mordue très vite

Te blessant profondément

Trop

Pourquoi toi

Tu étais sans moi

 

Février, je me rapproche

Comme une vieille cloche

Sonnant à ton oreille

Combien tu es une merveille

Je te rendrai ton espérance

Tu fais partie de moi

 à ma fille

 

Février 2015

et puis réécouter  https://www.youtube.com/watch?v=Zz-DJr1Qs54

 


Jeu d'écriture initié par @mespensées69


Débuter et conclure un texte ou une poésie par la même phrase, en incluant le mot “février”

 

Retrouvez les participants ici : https://www.tumblr.com/blog/teamecri20


05/02/2015
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Soupir au long souvenir

Le plaisir me fuit

Le cerveau s'en est mêlé

Et soudain apparaissent tes baisers

Le goût doux des instants volés

Le souvenir de ta barbe au creux de mon cou

Tes doigts coquins qui courent partout

Je m'abandonne à ces moments

J'oublie que je suis avec un autre amant

 


11/09/2019
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Expérience nue : modèle vivant

Je suis là, derrière le rideau attendant de sortir, serrant le peignoir sur mon cou, petite appréhension bien connue, celle de se jeter dans l'inconnu, crampe d'estomac que je sais reconnaître comme la peur doublée d'une excitation, la crainte de ne pas être à la hauteur, d'être ridicule mais avec cette envie de le faire, car ça va aller, je suis motivée, je me suis préparée. Le rideau va s'ouvrir, je vais entrer en scène.

L'envie m'est venue il y a longtemps, je m'étais inscrite aux Beaux Arts en cours du soir et la première année, c'était Henri IV et sa barbichette qu'on devait reproduire au crayon/fusain/sanguine/encre de Chine, je ne peux pas passer sur le Pont Neuf à Paris sans penser à lui et jeter un regard vers la statue équestre à l'entrée de la petite place. Nounours, le prof, passait voir les deuxième année qui s'essayaient aux mêmes techniques mais sur modèle vivant, et j'entrevoyais le nu avec un regard gourmand par l'entrebaillement de la porte. Parfois, il recevait une élève dans cet interstice, une élève qui ne pouvait plus payer son matériel et voulait faire modèle. C'est 30 francs disait Nounours, puis il emmenait la quémandeuse dans son bureau. J'imaginais qu'il lui demandait de se déshabiller et admirait les courbes de la douce nécessiteuse, pour lui seul, avant de l'offrir aux yeux des techniciens, artistes en devenir. 

Tout le monde se relâchait pendant cette absence, les élèves laissaient leur outil. La nue se levait et étirait ses membres engourdis, provoquant chez moi un émoi agréable de la voir s'étirer et tirer ainsi ses seins vers l'infini. Je n'étais sans doute pas la seule à m'émouvoir devant un tel spectacle mais j'étais trop paralysée par mes sentiments intérieurs pour m'intéresser à mes voisins. D'autres parlaient entre eux, habitués.

Pour la petite anecdote, je ne suis pas passée en deuxième année, les cours ont été interrompus un soir, Nounours ayant été arrêté par la maréchaussée, une histoire courait dans les couloirs, de droit de cuissage interdit par le règlement, et le temps qu'ils retrouvent un autre enseignant, j'avais vogué vers une nouvelle vie.

Mais depuis j'y pense souvent, 30 francs quand même, pour me montrer nue et ne rien faire, sauf faire saillir un muscle ou pointer du sein, et encore... Alors après mes expériences nue, en solitaire, en petit groupe ou sur la plage sous des yeux pluriels, pourquoi ne pas tenter. Je suis âgée, ma peau commence à se froisser, créant des ombres, des creux, des tombées ; ça peut intéresser des étudiants. 

 

La nuit des modèles vivants va bientôt avoir lieu, je ne suis pas encore morte, je me renseigne, c'est complet et réservé à une élite expérimenté mais le prof qui mène ces cours en présence de modèle retient ma candidature. Il me pose quelques questions, quelles sont mes motivations par exemple. J'ai bien envie de lui raconter mes expériences, lui dire que je fais cela comme une quête, ou un travail artistique, que j'ai envie de cette performance, raconter le vent sur ma peau, ma découverte du plaisir à l'exhibition, que ça reste très confidentiel, si mes compte rendus sont lus par dix personnes c'est beaucoup. Le cul est aussi damné dans le milieu artistique, on le côtoie, il n'y a pas de psychose, ça doit rester propre. J'opte donc pour lui parler des fins de mois difficiles. C'est un complément de revenus qui m'intéresse monsieur. Il accepte donc ma candidature.

 

Je me suis donc préparée, je suis restée dans mon fauteuil, nue, m'astreignant à rester stoïque, ou allongée sur le canapé. Tenir la pose. Le pied en l'air, l'air de rien, le torse contorsionné. J'ai nagé sur le dos à la piscine, tendant les bras loin dans l'eau pour que mes seins se redressent et restent fermes. Le résultat me convient. Mes cuisses ne pendouillent pas non plus. Mais derrière le rideau, je me maudis, je doute, j'aurais dû mieux m'entraîner. Ma dernière histoire de cul se dresse devant moi, pourquoi a-t-il tout arrêté soudainement ? Les pensées tapent dans ma tête, oh arrête. Je regarde mon ventre qui reste flasque, il a porté la vie, va je t'aime quand même. Je pense à la plage, les regards, les propositions. Je me requinque comme je peux. Ouvrez le rideau, que j'arrête de douter. 

J'entends des pas s'approcher, le prof entrouve le rideau, ma bouche s'assèche, je vais entrer en scène. Il me regarde avec un sourire triste, "désolé-la-séance-est-annulée-les-élèves-ont-décidé-de-faire-grève-je-vais-vous-régler-les-frais-de-déplacement-avez-vous-un-ticket-d'essence-ou-de-train-quelque-chose-pour-la-prochaine-séance-on-va-attendre-je-vous-rappelerai". Les mots arrivent à mon cerveau, de manière saccadée. Frustrée. Maudite époque. Je n'ai plus qu'à me rhabiller.

 


17/11/2019
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Partager l'intime

C'est beau, lent et hypnotique.

 

Te regarder est un plaisir infini. Tu es nu. La lumière qui joue avec ton corps dans un contre-jour étoilé ne me laisse pas insensible. Me donner à te voir ainsi dans ta recherche intérieure est un bonheur de chaque seconde. Je regarde à nouveau, fais défiler les images, remarque des trucs que je te partage. Tu te remets en question, en explication, tu frôles de tes mots la quiétude, le contrôle, la maîtrise. Tu es là dans tes mouvements, concentration palpable, bien qu'un peu perturbé par ma présence voyeuse. Ton art tu me transmets. J'en suis touchée, j'essaie de te reproduire et te comprendre mais tu dégages une sérénité que je ne peux copier. La lumière glisse sur ton corps, bleutée, comme une caresse que mes doigts ne peuvent t'apporter, rai longeant tes muscles ondulant sous la difficulté de l'effort. Inspiration ton ventre bouge, expiration ton sexe pointe. Oui je regarde là aussi, la composante qui me donne du plaisir, est en train de suivre le mouvement, les gestes précis : parfois serrée, étouffée, parfois libérée et se déployant un peu secouée. Tu offres ton corps à ma critique, tu te penches, je vois ce que tu ne peux voir, tu te redresses, être fier et majestueux. Tu souris... Tu souris. Je retiens mon souffle, celui qui aimerait courir sur toi pour te donner un peu le vertige, celui qui aimerait accélérer le temps pour être encore dans tes bras. Me voilà pleine de désirs devant ton expérience nu. Fébrile. Tu es un être délicieusement doué pour le partage du plaisir intime un peu marginal mais dont tout le monde rêve. Tu vas au bout de tes envies et ça, j'aime.

 

C'est comme une danse, un art sensuel venu d'ailleurs. Je t'en prie, recommençons.

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30/12/2016
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J'ai un a(i)mant

Quand tout à coup, tu deviens sauvage,

Que ton corps veut prendre possession du mien,

Mais que tu restes à l'extérieur,

Que seule ta bouche m'entre,

Me dévore, 

Que tes yeux me cherchent,

Fous,

Que ta langue m'explore,

Que tes doigts me fouillent,

Et tes lèvres encore me mangent,

Je cherche à m'extraire,

Lèche ta joue, ta peau, ta barbe taillée à trois jours,

Que tu me reprennes, appuyant ton corps contre le mien,

Dur, dur,

Je te sens dévoré d'un feu intérieur,

Je te sens violent, 

Je te sens fort,

Je me sens puissante.

 

Ce que tu exprimes sans vouloir le dire,

Ce que tu nies,

Ce que tu éloignes de toi,

Arguant ma non-beauté, ma jeunesse enfuie,

Me laissant en tourments,

C'est la tendresse que tu me portes,

L'amour même, de le dire qu'importe.

 

Et là dans cet instant où tu ne retiens pas ton corps,

Quand ton cœur sauvage s'exprime,

J'aime ce que toi tu fuis. 

 

(gif : extrait 9 semaines et demi, film de Adrian Lyne, 1986)

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23/12/2014
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Chabadabada

Quand l'envie de plusieurs mains sur moi me prend, quand l'envie d'être importante aux yeux de plusieurs personnes ne m'effraie pas, je vais à l'Eden. Mon petit fantasme serait d'y papoter nue en buvant du champagne rosé, oui je sais c'est un peu kitsch mais c'est réellement un rêve. Seulement quand j'arrive dans ce bar sauna libertin, je plonge dans la piscine où entre nous il y a trop d'eau, nos têtes qui dépassent ne sont pas réellement un plaisir et n'éveillent aucun sens et les bubulles sont trop fortes, mais j'y plonge après la douche de rigueur, juste pour montrer aux uns et aux autres que je suis dans la place. Puis direction le hammam, j'ai quelques difficultés à respirer dans le sauna, l'espace humide me convient mieux. 

A l'Eden, le hammam est étrange, on tombe sur un mur sombre, on ne voit rien dans les espaces de toutes façons, je tatonne pour suivre le labyrinthe et peu à peu mes yeux s'habituent, de ci de là il y a des ombres, je me promène et soudain je m'assieds car je sens plusieurs corps qui me suivent. Ne surtout pas penser à la nuit des morts vivants à ce moment au risque de me voir courir vers la sortie.

 

Assise. Tous assis. Se tripotant, me regardant en douce, je touche. Le ballet peut commencer. Je saisis les bites à main pleine, j'aime bien, ça durcit, ça mhmmm, ça touche en retour, mes seins. Certains s'aventurent dans le cou, écartent les lèvres du vagin. C'est bon. Froid mais bon.  Souvenez vous de Zlatan*. Beau comme un dieu, riant de mes paroles qui le disaient trop beau pour être là à avoir envie de me trouer. Là un vieux, deux jeunes, nous jouons. Et soudain, une chaleur, une main sur ma peau, une bouche dans mon cou, je ressens autre chose, un plaisir chaud, l'onde qui me parcourt et m'emplit en vagues incessantes balayant les pensées de contrôle. S'abandonner, y arriverais-je un jour ? Pas ici, quand même un poil dangereux, sait-on jamais. Pourtant, celui qui me caresse et se fait intrusif plait à mon corps, j'ai soudain chaud. 

Stop j'ai trop chaud. Arrêt, petits rires étouffés. Dans ma tête, je me sens institutrice qui dirige son groupe. On monte je dis à celui que mon corps choisit. Désolée les gars, ce sera pour une autre fois. Hein, quoi. Oui oui, plus tard ok ? Euh oui. Le maître mot est le respect des desiderata de la dame même si le petit vieux a quand même suivi parce qu'il était là le premier. Oui ma tête est déçue de moi, ce n'est pas bien de faire cela, mais mon corps évacue ces pensées néfastes, pense à moi, pense à moi, je ne veux que lui. Oui mais non c'est pas sympa. Plus tard, plus tard !

 

Benoit, car il s'appelle Benoit, dit qu'il fera comme la dame voudra (la dame, tu parles c'est mon corps qui décide) mais raconte quand même un peu sa vie, le pourquoi il est là, voilà les chabada, les prémices qui percutent la bouche et s'insèrent dans le cerveau, il est respectable, il fête le prononcé d'une décision de justice qui lui est favorable et écarte son ex de sa vie de famille, ok enfin oui c'est bien, tant mieux, je vois déjà le champagne rosé couler après le sexe. Oh Benoît tout ce que tu veux, fais vite mais pas trop, raconte mais après, je t'écouterai avec mes yeux d'écoute, je te regarderai l'ouie fine. Caresse moi, fêtons cela encore à corps. 

Que veux tu ? je le guide, il fait tout, il fait bien. Je me marie avec lui, je me vois choisir la robe, ou plutôt non le tailleur pantalon, pantalon / gilet brodé, il m'emporte, il me fait sentir moi, je jouis sous ses doigts, ah mince déjà, mais il change de position et me prend autrement, et mon corps relance les vagues, je suis sur la plage naturiste où je joue les nudistes paraît-il, je souris, il me transporte, je pense qu'il aimera la plage, je lui en parlerai par la suite devant le champagne... enfin vous savez. 

Un préservatif plus tard, il entre en moi et ressort, puis s'introduit totalement et se retire lentement puis reste au bord en vibrant. Ah tu aimes cela ah oui. Oh oui, comment fait-il ? Puis soudain, il est au fond et là j'en profite pour lui introduire un doigt dans le cul, j'aime bien ce truc. Oh oh oh jamais on ne m'a fait cela. Hi hi, les hommes que des menteurs** mais hi hi. C'est le jeu des mots, du plaisir, des échanges, de la bouche dans le cou. J'aime être avec lui, dans ses bras, les mots qu'il me dit, le plaisir qu'il prend, son désir, mon corps qui est content.

Je suis bien.

Je peux faire une éjac faciale ? 

Bah dis donc, pour quelqu'un qui fête sa première fois dans un lieu libertin, il est bien à l'aise. Oui je lance, petit oui, le sperme c'est bon pour les rides me dis-je. Vas-y. 

Son sperme était gouleyant, j'en ai eu dans les yeux, pas poisseux, au coin de la bouche, pas trop salé sans y goûter. 

A plus tard.

J'ouvre les yeux, il me tend du papier et sort de la pièce. Le petit vieux a disparu de son poste de faction devant la porte. Je me relève pour reprendre du papier et trouver la poubelle, désinfecter le matelas. 

Seule encore une fois et sans chabadabada.

 

* cf. Eden

** sexiste je suis 

 


28/09/2021
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